
En novembre 2009 l’émission Temps Présent de la Télévision Suisse Romande, diffusait un reportage intitulé « Des rituels sans bondieuseries ». J’y apparaissais à plusieurs reprises afin de parler de rituels non religieux, sans être pour autant des cérémonies dites laïques, mais offrant des possibilités de rituels avec la nature. Et….l’émission y dévoilait de rituels pour l’entrée de la ménopause, au sein de mon Cercle de Grâce, alors très novateur, puisqu’il laissait (et laisse encore) une place privilégiée aux femmes dites « anciennes ». La Grâce, j’avais envie d’y revenir, justement et en reprenant ces termes: « hors de toutes bondieuseries ».
La Grâce profane et sacrée
Ce mot fait référence à une attitude profane, souvent attribuée aux femmes ; avoir de la grâce. Nous imaginons une femme élégante, au port altier mais restant simple, se mouvant (et le mouvement est important) dans un ondoiement qui se remarque, une démarche – et une posture – qui retient l’attention; séduisante, sans vouloir forcément séduire. Il y a aussi la grâce d’un sourire qui émeut. C’est un charme, dans son sens plein, c’est-à-dire attractif, voire potentiellement dangereux car par trop attirant. Être sous le charme de quelqu’un est fait d’impuissance; l’autre prenant l’ascendant sur soi. Nous le savons bien; la femme est dangereuse, ses charmes sont dangereux car amenant à un désir non contrôlable, irrépressible. C’est ainsi que la femme par ses charmes et sa grâce, se voit enfermée hors des regards.
Au sein du sacré, la grâce est toute intérieure. Être dans des « bonnes grâces » signifie que nous avons des soutiens sur lesquels compter et généralement dans un contexte de communautés religieuses où la grâce vient « d’en Haut » et qu’elle est partagée par tous et toutes selon des codes précis. Marie, mère de Jésus que l’on salue, comme « pleine de grâce »; est emplie, enceinte de celui qui diffusera ses promesses.
La Grâce, se cherche-t-elle ?
Au sein de mouvements religieux, la grâce est reçue par une personne après une étape de vie particulière ou une vie de « mérites ». La grâce se mérite ; elle est non pas le résultat d’une recherche particulière, si ce n’est une attitude exemplaire telle que la communauté la définit : exemple d’actes (générosité, abnégation), de pensées (prières). La grâce peut alors ad-venir ; elle touche l’être (être touché.e par la grâce).
Elle peut se manifester par une vision, un état extatique, durant lequel l’être se sent proche puis uni à son dieu. Une proximité qui relativise, par sa puissance, tout ce que la personne va vivre par la suite dans son quotidien. Cet évènement ne s’oublie pas ; il renforce les liens de « parenté spirituelle », la foi, la confiance dans la vie et l’acceptation du destin de la personne qui reçoit la grâce. C’est la rencontre avec une force, une énergie, bien plus puissante que celles couramment admise, une expérience lumineuse, un surplus d’amour universel qui semble envelopper l’être ainsi élu.
Le chemin de Grâce
Tout au long de mes 30 années de pratiques, j’ai développé un atelier de développement personnel, d’empuissancement, qui permettait à la femme* de se retrouver, par étapes successives, au cœur d’un espace sacralisé où la grâce pouvait la toucher.
Lorsque je débutais, la femme avait un criant besoin d’être touchée par le Plus Grand, par le Mystère de la vie, par des énergies encore inconnues d’elle, mais existantes. Pour peu qu’un chemin fut fait pour la délester de ses croyances limitantes. Ainsi que des barrières obstruant le passage de ce flux énergétique puissant qui l’empêchait de vivre le plus librement possible en faisant ses propres choix.
La femme semblait avoir besoin de :
- se sentir exister par elle-même, d’oser se dévoiler
- se sentir appartenir à groupe bienveillant et attentif
- se sentir valorisée dans son unicité
Elle devait se défaire de :
- son besoin de s’excuser, de se rapetisser, d’arrondir les angles
- la croyance qu’elle était moindre, faible, défectueuse ou dangereuse
- la croyance qu’elle ne pouvait être aimée et d’abord par elle-même
Il s’avérait nécessaire de créer des étapes qui à la fois, agrandissaient (donnait de la valeur à) la femme et à la fois la rendait si limpide, si nue que la Grâce pouvait la toucher. Car la Grâce a besoin d’un espace pour être accueillie ; un écrin de toute beauté, préparé pour son arrivée. La Grâce ne s’attend pas, il n’est pas question ici de volonté. Mais bien de rester en activité intérieure dans ce dévoilement finalement vécu, accepté, aimé et aimant.
*Historiquement, ma pratique se focalisait sur les femmes, car ce sont elles, et elles seules, qui étaient au rendez-vous. Cet article et son contenu sont universels.
La Grâce chamanique
C’est par le biais de mes outils d’art-thérapeute chamanique, que ce chemin de dés-identification amoureuse, a pu se créer. Par des rythmes au tambour offrant un contenu sécurisant et hypnotique, permettant à la femme de lâcher-prise sur ce qui l’attachait à une personnalité figée par les autres, la société, des dogmes ou des tabous. Par des explorations progressives qui conduisaient vers plus de reconnaissance personnelle et la permission d’être soi. Mais aussi par d’autres exercices qui défiaient le mental et ce qui était couramment admis. Sans oublier d’accompagner avec bienveillance les autres femmes présentes sur le même chemin.
Se créaient ainsi des espaces entre femmes pour exprimer les émotions qui jusqu’ici stagnaient, puis qui leur offraient une vraie dignité. La voix fut pour moi, une véritable compagne sur l’exercice périlleux de se perdre en s’unissant avec amour à la vacuité. La voix qui ose tout : le sauvage, le dépassement de ses limites présupposées (jusqu’aux vêtements inutiles) , les cris de celles qui se donnaient vie, les larmes hurleuses et terribles, le murmure sensuel appelant à une sexualité féminine assumée.
Alors, alors….
La Grâce advient, au sein même de ce lieu où des femmes se croisent et osent être vraies, sans fard, sans jugement. Il n’y a plus d’autre mérite que d’être, hors de toute communauté, hors de tout dogme. Si les grandes religions monothéistes ont dénigré la place des femmes, ici – dans cet espace vidé de toute référence – l’être s’unit à son être profond. Nulle place pour l’égoïsme. Nulle place pour le « vouloir » ou le « devoir ». Juste Être unifiée.
Alors – qu’on se le dise – la Grâce advient au milieu de ces cris, de ces tambours qui cognent la vie aussi fort qu’ils le peuvent. Non pas au cœur de l’extase mystique d’une cellule monacale silencieuse. Non pas dans des groupes religieux. Mais bien ici. Aussi.
Et j’ai besoin de le témoigner. Il existe de ces espaces, préparés, choyés, accompagnés pour que les êtres oublient tout, sauf la puissance magistrale de la vie et de l’amour.
Épilogue, un bonus de Grâce
L’écriture s’est faite tout naturellement au passé, car je suis à la retraite et je ne conduis plus de telles démarches. La relève est assurée en Suisse comme en Belgique. Vous trouverez ce « chemin de Grâce » si l’appel se fait sentir.
Contact Suisse. Contact Belgique.
Je ressens nécessaire face à la montée de l’intégrisme, à la polarité des discours ambiants, de redire qu’il existe d’autres voies pour se vivre pleinement et même avec un bonus de Grâce à portée de cœur. Pour tous et toutes.
Trois nouveaux enseignements exclusifs, créés pour vous, sont à présent en ligne sur ma plateforme de formation.
- L’Ecothérapie sensible. A découvrir ici. Rabais jusqu’au 31.12. 25 via mon livre Le Contact Retrouvé.
- De quelle couleur est mon deuil ? Accompagnement du deuil par la nature et les Ecorituels. A découvrir ici.
- Music O Lunes. Le cycle féminin et comment s’y aligner jour après jour, grâce à la musique et à une approche créative. A découvrir en bas de page ici



Mes autres formations sur la page.
Photographie : L’immense figure féminine de la murale Notre-Dame-de-Grâce, Our Lady of Grace incarne »Mère nature ». 2011, Montréal































