Les banalités merveilleuses

C’est ainsi que je nomme la magie de l’existence, le possible réenchantement de notre quotidien. Le concept de réenchantement a fait son apparition dans les écrits de Michel Maffesoli, Mohammed Taleb, Michel Maxime Egger et dans mon ouvrage Le Réveil des Gardiennes de la Terre; guide d’écothérapie. Qu’en est-il de cette nouvelle vision ? Pouvons-nous nous relier à notre environnement en portant d’autres lunettes et si oui, dans quel but ? Bon, première étape : nous ne savions pas que nous en portions;)

Prendre conscience que nous avions cessé d’admirer la Vie

Les personnes que l’on nommait par le passé des « ravis » étaient considérées comme des simples d’esprit. Ces êtres illuminés de l’intérieur, le sourire aux lèvres, le mot toujours satisfait prêt à vous complimenter, ne pouvaient qu’être par trop innocents, naïfs, sans maturité. Les autres, les gens sérieux, vous, moi, avaient au moins atteint ce degré de culture qui se décline en méfiances, jugements, critiques et suffisance.  

Notre suffisance

Cette position haute pour soi et envers les autres, s’est traduite par une posture habituelle que nous, êtres humains dits civilisés, véhiculons au quotidien dans tous nos gestes pour et envers la Nature. Comment pourrait-il en être autrement ? Nous sommes éduqués à prendre, à consommer, à vivre dans l’immédiateté du dû. Et nous observons, dès notre enfance, tous les efforts que fait notre entourage pour combler nos besoins. Or un besoin assouvi se transforme rapidement en un nouvel appel: être perpétuellement insatiable ou déçu. Preuve en est la surenchère des cadeaux ou, au contraire, l’impossible choix car « nous avons tout ! » J’ai assisté à des brefs merci sans sourire, à la réception de cadeaux somptueux et chers,  alors que ces mêmes personnes cherchaient déjà des yeux d’autres paquets à déballer.  Des dons banalisés. Des cadeaux accueillis sans gratitude.

Cette situation malheureusement trop souvent observée, se retrouve dans notre relation à notre environnement. Bien sûr, je vous accorde que nous babillons encore avec nos petits enfants en utilisant une tessiture haute, des sourires parfois systématiques et forcés, en répétant silencieusement à leur intention : « Petit, quand même, regarde comme la vie est passionnante et belle ! »  Est- ce que nous nous forçons ? Dans le systématique, peut-être, car TOUT n’est pas passionnant et la beauté est éphémère et changeante. Mais, à y réfléchir, pas tant que cela … En effet, faudrait-il montrer une face maussade et désabusée à un être qui découvre la vie ? Bien sûr que nous nous sentons habilités et légitimes – et c’est même notre mission principale – de lui offrir un tel bonus de joie et de beauté.

Le privilège d’être vivant.e

Alors, pourquoi ne pas continuer ? Le lever du jour n’est-il pas tout autant mystérieux à nos huit ans que passer la trentaine ? J’oserais même affirmer qu’être vivant alors que les années passent, devient un privilège. Nous sommes pourtant désabusé.es. Difficile d’affirmer à un ami qui vous dit bonjour, que vous êtes en pleine forme et que cette fleur – la voit-il, dans cette vitrine, sur cette table de bistrot?… est bien belle. Un peu seule dans son vase, certes. « Attends… je vais lui donner un peu d’eau… «  et de lui verser une lampée de votre thermos. Vous seriez vue comme une « ravie », une insouciante, une rêveuse, une illuminée, une handicapée de la VRAIE vie. « Et d’ailleurs, revenons à elle: comment va ton job ? »…

Nous sommes pourtant d’accord de nous émerveiller sur l’anormal : tout ce qui bénéficierait d’une aura d’exception. Car, alors, nous, NOUS, les témoins, nous devenons des privilégiés. Voici l’ego qui nous rattrape. Pourquoi s’extasier devant une simple rose,  un banal coquelicot dans un champ ou en bordure de route, tout le monde peut en voir. Pfff…. alors que le mystérieux, l’improbable, nous nous en saisissons pour le partager le plus vite possible à tous nos amis sur nos multiples réseaux.

Le mot est posé : s’extasier. L’Extase. Sortir de soi. Se décaler de son petit soi. Capter par des antennes bien plus fines que celles, grossières, rabougries, proposées par notre éducation. Des subtiles « capteuses » d’impressions, reliées au cœur par des fils invisibles. Quand nous sommes touché.es, nous n’existons plus que pour rester dans le contact ; cette fleur, cet arbre avec nous, nous avec eux, elle. Nous, semblables, unis, réunis. Extatiquement Soi. Là est la vraie vie.

Le merveilleux est là ; capté, ressenti.

Si nous y prêtons attention, avec tout notre être, alors nous ne souhaitons qu’une seule chose : rester, garder le contact. Apprivoiser cette impression saisissante d’être en vie, au cœur de la vie. Et dire MERCI.

Certes, notre période est bouleversée, bouleversante. Mais, la perte de ce qui était jusqu’ici banal, nous force à retrouver le merveilleux et la gratitude. Boire à sa soif, devient progressivement exceptionnel. Manger un légume avec du goût, ne rassasie plus seulement le ventre. Retrouver des amis, après la pandémie, est devenu une vraie bénédiction. Vivre hors d’une zone sinistrée ou en guerre, devient un privilège. Et si la simplicité, le ravissement du quotidien, nous ramenait à reconsidérer nos choix, à revoir nos priorités à la baisse. Aie…. baisse = perte ! Perte = triste mine.

Je ne ressens pas la perte de ce qui était exceptionnel comme une déception, mais plutôt comme une force qui me bouscule à aimer plus ce qui est « moins ». A donner plus de joie là où le matériel ne suffit déjà plus.

La décroissance est un appel à l’amour et non une désillusion

Ce qui est perdu, c’est l’ancien modèle imposé. Ce n’est pas ce qui constitue notre être profond : au fond, nous sommes joie, amour et en quête de beauté. Au fond, nous serons toujours des amoureux de la vie, de toute vie. Déposons nos lunettes de consommateurs et observons avec le cœur !

En nous laissant contactés par la beauté de nos paysages, de la  nature qui nous environne, et même par celle que nous observons souffrante – l’éternelle résiliente ! – nous ouvrons une zone d’amour en nous qui n’a que faire de la peur, des obligations extérieures. Le réenchantement est une nouvelle vision de nous, des autres, du monde : un regard dé-filtré qui nous permet de percevoir et de rester touché.es. Humain. Humaine. Un regard dépossédé de l’appropriation, de la consommation, du dû, de l’attente. Une simple présence qui fait honneur, HONNEUR à ce qui est en cet instant : vous – cette fleur – ce coquelicot – cette ondée – ce rayon de soleil – la nuit qui s’invite – la chaleur d’une caresse.

                    Et dire que nous avions oublié de vivre !!!

Marianne Grasselli Meier est écothérapeute, auteure de plusieurs livres, ouvrages et enseignements en ligne, nous invitant à cette reliance avec notre environnement, à un corps à corps subtil avec le cycle du vivant. Avec délicatesse et poésie, nous re apprivoisons nos ressentis, la réceptivité de nos sens. Elle est la fondatrice de la formation de praticien.ne en Ecorituels®, proposée en Suisse, en France, en Belgique et, dès l’automne 2025 en Espagne.

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Bibliographie des auteurs cités dans le texte:

Michel Maffesoli Le réenchantement du monde Ed Table Ronde (2007)

Mohammed Taleb, Michel Cazenave Eloge de l’âme du monde Ed Entrelacs (2015)

Marianne Grasselli Meier Le Réveil des gardiennes de la terre Ed Courrier du livre (2018)

Michel Maxime Egger Réenchanter notre lien au vivant Ed Jouvence (2022)

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