La rage et le silence

Quand le son ne sort plus… Quand on se tait d’avoir parlé

Depuis plus d’un mois et demi, ma voix s’est quasi tue. « C’est l’âge »…me disent les médecins. À méditer, entre nous, vieilles femmes sages ! Mais cette détente, cet éloignement vibratoire me laisse sans voix. En ai-je trop dit ? Et comment SE dire si les autres ont d’autres visions de nous-mêmes ? Un enseignement toltèque puis vient le silence.

Vous avez encore peur de Kali ? je l’ai rencontrée.

Depuis plus d’un mois, le corps se dit « bruyamment » et m’expose non pas seulement à un essoufflement dû à trop de travail  –  ce que je sais reconnaitre – mais à des contractures du larynx qui me laissent, d’une part sans voix, sans également sans possibilité de respirer. Des crises de panique qui m’ont amené aux urgences et à une médication de détente, dans l’attente d’un diagnostic, d’examens du larynx et de l’estomac. Cela, c’est l’extérieur, ce que les autres peuvent m’apporter. Pour le reste, c’est mon job…

Kali, la terrible

La première image qui me vient est celle-ci: Kali, la terrible, l’hurleuse de vérité. Celle que peu de femmes aiment côtoyer car ce n’est, bien sûr, pas cette compagne ou collègue qu’on apprécie de rencontrer. Aujourd’hui, elle m’appelle et paradoxalement, m’apaise. Elle me sait comme partie d’elle, aussi. Rien ne sort de ma bouche grande ouverte, mes paroles sont hachées, les mots se coupent en morceaux, l’effort est grand pour former une phrase, alors que je suis chanteuse, conférencière… Le silence est mon port d’attache. Le silence entendu, attendu. J’hurle pour qu’advienne le silence. La paix. Le retournement vers moi.

Quand les autres savent mieux le dire

La deuxième image qui remonte de mes souvenirs est celui que je fus à mon préadolescence et adolescence : j’écrivais sur les murs de ma chambre pour être comprise par mon père et sa femme. Mes mots pour me dire étaient encore maladroits et pour le peu qu’ils furent entendus, ils étaient jugés par un haussement d’épaules qui exprimait clairement « cette fille est bien trop sensible… ». Comprenez « elle dit n’importe quoi ».  En collant aux murs chaque semaine de nouveaux textes piochés chez ceux qui avaient comme métier de savoir mettre des mots sur leurs vécus, sur mon vécu, je postais des citations de grands auteurs, après avoir pleuré sur leurs pages. J’espérais qu’en passant par-là, mes parents puissent mieux me connaitre, à défaut de m’écouter. Je lisais beaucoup, beaucoup.

Je chantais aussi. J’écrivais des chansons, déjà. Les livres vinrent bien, bien plus tard. Une écriture qui parle, qui invite à agir. Le statut d’artiste, c’est la permission de tout exprimer à défaut d’être compris.e.  

L’histoire personnelle des toltèques

Dans l’état de congé intérieur que je vis en ce moment, je repense à l’histoire personnelle des toltèques. Tant Castaneda que Don Miguel Ruiz ont relevé l’importance qu’à la vision de nous-mêmes que les autres ont de nous et à laquelle nous tentons de nous conformer. Évidente, lors de l’éducation et des premiers rapports d’attachements avec nos proches, cette conformité souhaitée, ce modèle, cette persona, ne devient plus nécessaire « avec l’âge » ! (merci Docteur – voir ci-dessus).

Kali commence à se profiler.

Ceux et celles qui ont le plus de peine à nous voir changer, évoluer, à sentir la brise de notre liberté commencer à souffler, ce sont nos proches, notre famille et même les amies de longue date comme celles d’un cercle de femmes (je n’irai pas plus loin dans mes explications). Ce n’est pourtant pas que nous sommes « autre », mais nous intégrons peu à peu, au cours de notre vie, toutes les déesses qui nous habitent sans faire l’impasse sur celle qui rage, hurle, crie à la trahison, exige respect puis se tait.

Car après le cri, vient le silence. Lourd de conséquences car il ramène chacun à soi. Les mots peuvent tourner comme une vis sans fin, quand ils sont perçus par le filtre de la personne que « nous aurions dû être ». « Nous n’aurions pas pensé cela de toi ! «  Mais que sais-tu de moi ? Qui es-tu pour me juger, me comparer, m’idéaliser, te faire une idée de moi ? Que sais-tu ou crois-tu savoir de ma vie, de mon parcours? Que sais-tu de ce qui me traverse dans mon quotidien et qui me met en mouvement ? Je n’ai rien envie de te dévoiler pour que tu me juges, me considère selon tes critères.

J’ai appris par mes divorces que l’être le plus aimé, auquel je m’étais le plus confiée, avait pu devenir mon pire ennemi. Je le savais pourtant et j’ai lâché la saine méfiance qui me fait me recentrer sur mon ressenti. Je rage de m’être moi-même si mal écoutée. Je crie sans voix mon désarroi. Je vais le traverser, je le sais.

La tendresse de Kali


Mon corps a donc appelé au silence. D’abord dans une infinie tristesse ; je suis une femme d’expression. Puis, comme lors de la perte d’une partie de ma vision il y a dix ans, je me suis dit qu’il me restait l’écriture si les mots ne sortaient plus de mon larynx. Et encore…. puisque je fais le job que la vie me demande d’accomplir, je me suis dit que mon larynx – lieu de création – était relié à ma matrice créatrice. Je continue de « me dire «  par l’écriture: un nouveau livre parait cet automne. Il nait de ma matrice créatrice. Je vis au cœur même de ma matrice. La tendresse de Kali. Qui dit matrice, me ramène à la source.

Quand il y a une solution en commun

« Le petit livre rouge de la source», de Stefan Merckelbach a guidé l’équipe des formatrices en Ecorituels® afin de bien délimiter la source, les délégations, les pouvoirs et limites de chacune, la création et la liberté nécessaire à une évolution de tout projet etc…  Passer le relais n’est pas aussi simple qu’en athlétisme, tant pour la source (que je suis) que pour celles qui reprennent la responsabilité de poursuivre. Cela s’affine avec le temps, avec les expériences de chacune, les questions réelles, issus du vécu et non abstraites, qui se posent et demandent des réajustements. Expliqués, entendus, puis modifiés,  laissant chacune à l’aise avec l’évolution qui se dessine.

Fini le maternage excessif, bienvenu au partenariat actif, solidaire, tenant compte des compétences complémentaires de chacune, des blessures possiblement réactivées qui sont reconnues sans jugement et du souhait commun de faire avancer un projet qui nous tient toutes à cœur. Cela demande du temps, de la patience donc de la maturation à vivre à plusieurs, pour que personne ne soit lésé. C’est parfois un peu lent pour l’impatiente que je suis, avec ma matrice qui produit au moins 2 idées à chaque question posée ;)) mais si soulageant, tellement engageant. Je profite de ce temps d’écriture pour remercier cette équipe de formatrices.

Quand il n’y a une solution en solo 

Je vis au cœur de ma matrice. Mon nouveau mantra.

Qu’importe les avis des autres. Chacun crée sa vie, disent encore les toltèques. Depuis l’âge de 18 ans (j’ai été maman très tôt) et mes choix professionnels, j’ai été au service des autres pour leur mieux- être. Ma matrice, y compris mon endométriose, s’est développée sans compter pour mes enfants, mes époux, mes communautés de femmes. Pas un seul moment de relâchement ; une croyance volontaire, farouche d’être responsable et de protéger les « miens » quoi que cela me coûte.

Coucou, Kali !  

Mais à présent, ce sont des adultes, et celle « qui a de l’âge » peut retrouver la force de sa propre matrice en version solo. Ma matrice, qu’on se le dise entre anciennes, ma matrice n’est pas flétrie. Ma matrice est juste au repos. Puis-je écrire « Enfin ! ». Mon corps peut-il dire « Enfin « ?

Oui, me répond Kali, déesse du renouveau.

Comme ma chambre d’ado = ma matrice,  est encore tapissée de mots et je n’ai pas fini d’écrire. Mais il y a un silence qui demande de la place. Un espace qui ne veut plus de jacasseries, de rumeurs, de non-dits destructeurs, de faux-semblants, de paroles inutiles et stériles, de sucreries qui se glissent dans des mots de sororité en déguisant la rivalité, la médisance en phrases harmonieuses et qui n’acceptent que celles qui leur ressemblent.

Kali, viens donc un peu plus près !

Mon corps et tout mon être avec lui exige – il n’est plus temps de demander, je n’avais pas entendu ! – du repos, du silence, du respect. J’explique ce dernier terme : l’unique présence auprès de moi de celles et ceux qui connaissent la valeur du donner et du recevoir, de la réciprocité.

Le contact retrouvé

Mon prochain livre parait en octobre et le titre « Le contact retrouvé » me parait à présent évocateur d’un parcours initiatique bien plus personnel ! Mais, ce n’est qu’un détour.

Le contenu du livre est, lui, universel et focalisé sur la nature. Je vous laisserai le découvrir: suivez mes posts et réels sur les réseaux sociaux. La programmation de sa communication est en route; le livre va se dévoiler peu à peu. La page de mon site dédié à cet ouvrage vous sera accessible dès le 2 aout.

Je me prépare à vous offrir des temps de présence en librairies, en salons, en festivals, dès cet automne et pour le printemps prochain. Inscrivez-vous à ma newsletter pour recevoir les informations.

Je me prépare à retrouver ma voix – je fais mon job et je souhaite que des médecins et les guérisseurs adéquats contactés sauront m’épauler. Ou que j’aie de bons micros à disposition,))) joie de vous retrouver bientôt,

Marianne

Photo (c) Lisa Campione